Quand l’histoire se révèle sur chantier
Lors des travaux de la future bibliothèque du projet ABŸ, un pan méconnu du passé de l’Abbaye de Forest a refait surface. Sous terre, les archéologues ont mis au jour l’ancien moulin, précieux témoignage du passé abbatial du site. Au fil des fouilles, les pierres ont livré leurs secrets : les différentes phases de construction des XVIIIᵉ et XIXᵉ siècles, le bief qui guidait l’eau, un mur de berge, et même l’emplacement de la grande roue du moulin.
Mais comment gérer un chantier intégrant un élément de patrimoine ? Et comment concevoir un projet dans un lieu chargé d’histoire ?
Anticiper et évaluer les risques
Sur les sites historiques, la découverte d’éléments archéologiques ou patrimoniaux est un risque (ou plutôt une chance) réel. Il doit donc être pris en compte dès les premières étapes du projet.
Beliris intègre cette dimension dès la phase d’études : les risques sont identifiés, évalués et ils sont également intégrés dans la planification des travaux.
Le principal défi de certains projets consiste à concilier la préservation du patrimoine avec le respect des normes actuelles et les besoins des visiteurs ou des usagers. Dans ce cadre, la Commission royale des Monuments et des Sites (CRMS) peut également remettre son avis sur la demande de permis. Cet avis est notamment requis pour un monument ou un site classé, ou un projet situé dans le périmètre d’un site ou d’un édifice classé.
Lorsque cela s’avère nécessaire, des archéologues accompagnent les études et le chantier. À l’Abbaye de Forest, les phases sensibles des travaux sont supervisées par les archéologues désignés par la Direction régionale du Patrimoine culturel. Cette approche est également appliquée sur le chantier de la Place Royale, qui est suivi par le département Patrimoine archéologique de Urban.brussels et du Musée Art & Histoire. Fin 2024, des fouilles devant le Musée Magritte ont révélé un tronçon de la balustrade de l’ancienne place des Bailles.
En 2019, lors de la construction d’un tunnel entre les ateliers et la salle de spectacle de La Monnaie, l’équipe de chantier a fait une découverte passionnante. « Nous savions que ce site pouvait révéler un patrimoine archéologique, puisqu’un cloître dominicain y existait au XVe siècle », déclare Patricia Vervenne, chef de projet pour Beliris. « Dès la découverte des tombes et anciennes fondations, nous avons informé le département archéologie de la Région bruxelloise, avec qui nous avons étroitement collaboré pour qu'ils puissent opérer les fouilles et tout documenter. »
Adaptation et valorisation
Un projet de restauration sur un site historique exige une grande flexibilité. Dans le cadre du projet ABŸ, le cahier des charges prévoit de valoriser sur place toute découverte patrimoniale majeure. Les aménagements prévus initialement peuvent donc être adaptés.
Une partie du mur et la roue du moulin mis au jour lors des travaux seront donc finalement intégrée à la nouvelle bibliothèque. Sur place, les futurs visiteurs pourront ainsi découvrir ces témoins précieux du passé de l’Abbaye.